"Cité désagrégée" Diane Meunier Décembre 2012 / Glycéro sur bois 70x70cm
Où donc est ma maison ?
Sur ce vilain caillou sans horizon visible
je la cherche, incorrigible
aussi l’eau et le ciel
essentiels
Je jetterai mes chaussures du haut des pics
pour écouter le bruit de leur chute qui
répondra peut-être à ma question :
Y-a-t-il un secret digne d’être gardé
au regard de la liberté ?
Mais le droit au silence est scellé car
il n’y a pas de réponse autre que lui-même
et l’obscurité inanimée
Les secrets sont les seuls à crier sous le sceau
mais qui les entend ?
Mon propre secret est parmi eux
relégué, caché depuis le début à
ma propre connaissance...
Je ne suis par armée pour un combat d’âme à corps
Le feu m’attend et non la terre
à qui je ne livrerai ni ma viande ni mes os
Nous l’avons trahie
et j’appréhende sa rage annoncée
Ses légendes elles-mêmes nous ont abandonnés
pantins complices
face aux écrans outrecuidants
et je hais mon humanité
tare imposée rejetée dès l’enfance
si j’ai jamais été enfant
ce dont je doute...
Alors, qui me sauvera si je ne veux pas
être sauvée ?
Au bureau des anges on me refusera
m’étant formellement rayée voici deux mille ans
de la liste des pénitents
Si, pour vous
trouver l’espoir n’importe où
c’est le moins que l’on puisse faire
eh bien, ce n’est vraiment pas suffisant
même si c’est loin d’être facile et
ils sont bien courageux ceux-là
qui obtempèrent
et j’admire leur courage
mais pour moi, fidèle à mon chagrin
et à mon refus d’illusions salvatrices
c’est le plus dur
cela reste impossible
ce que je peux faire de mieux
c’est percevoir la mort
et en l’attendant je vais rester là
à saigner tranquillement
« C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie,
rien que cela : le plus grand chagrin possible
pour devenir soi-même avant de mourir. »
Louis-Ferdinand CELINE