P
O è
m e(s)
qu’on peut pas lire, à peine écrire
avec des mots qui bougent tout le temps
qui tiennent pas droit dans leurs bottes et qui titubent
sans ancre sans amarre sans mât
mais mais mais peut-être...
et pourquoi « niet »
à voir pour ses couleurs ses douleurs
ses ecchymoses violettes
ses papillons dans ses mirettes
ses raideurs ses froidures ses rougeurs
quand l’hiver vous attache par les cheveux
vous cloue dans sa gelure
ses brûlures ses langueurs ses ardeurs
quand l’été vomit sa chaleur en éclaboussures
Et ces poèmes lie de vin de fond de bouteille
avec leurs visions ahuries
qui grimpent au mur comme des souris
pour vous sauter sur le dos
et vous rentrer sous la peau pour faire leur nid
Et ceux triangulaires
aux mots pointus et jaunes comme des éclairs
ou comme des scies ou des ciseaux
tachés rouge sang
Ceux plutôt gris-noir qui vous rentrent
dans l’œil dans l’oreille
s’encastrent sous le crâne pour y forer malignement
et s’y planquer comme des tumeurs
des mots sans gants, sanglants
je ne dis pas comment
Ceux comme des ampoules ou des cannes
comme des cigognes des phares des girouettes
des vers à mille pieds avec des trous aux chaussettes
et ceux comme des cloches des trompettes
Ceux aux vers crasseux
aux pansements douteux
Et ceux avec des papillons des papillons
des papillons des papillons des papillons
dans les yeux...