Clameurs !
Qu'y-a-t-il à comprendre ?
Tu nais :
Obligation « d’être quelque chose »
Et tu t'enroules sur le doigt du temps
Et la spirale t'avale
Et tu ne sais plus comment
ni pourquoi
ni où
vivre
Clameurs !
Quand la lucidité attaque et nous atteint
il fait encore plus sombre autour...
Et La mortalité des secondes
ouvre la porte à l’éternité inerte...
Pour quelle récompense ?
Quelle punition ?
A chacun ses dépassements
grinçants ou glissants
Etre « soi « ?
Pour qui rien n’est sacré
Et qui de rien n’a honte
magnifiquement
réfractairement
kuniquement
rebelle d’esprit mais pas d’action
Clameurs !
Et puis le silence
là où se pèsent les pensées...
Peut-il être une consolation ?
Une matrice cognitive ?
La qualité des murmures
se mesure au silence d’où naissent aussi
les clameurs
Et pourtant
Ni la parole ni le murmure
ni le cri ni le silence
ne font obstacle aux mille mains des crimes...
Alors quoi ?
D’autres crimes ?
Mais qui entend les clameurs angéliques ?
Et les mains du monde n’en finissent pas
de battre de frapper
Et les clameurs infatigables
se ruent dans nos os où elles aboient encore
brisant le souffle
...
Et de lourds paquets d’un noir charbon
obstruent l’horizon
Et repoussent l’éclaircie possible
Et d’intolérables déchirements
parcourent les nerfs
du monde
Et les pieds du monde
foulent les pousses fragiles écrasent les germes
au mépris des êtres futurs
Et souillent diaboliquement
les nourritures fondamentales
Et battent à contre-rythme
pour défier l’à-venir
Et détruire
le nid-même de la Vie
Son Creuset
Où tant de bonnes choses furent versées
Et tant d’horribles qu’il fallait bannir à jamais
Et qui pourtant après chaque résolution
chaque abandon chaque exil
resurgissent
plus puissantes déterminées et hardies
Et chargées d’une haine-phœnix
qui nourrit l’immortelle chienne de l’enfer
hôtesse d’obscurs abysses
Et l’attrait des profondeurs
si puissant chez les hommes
leur fait oublier ces clameurs mortelles
vitales
Et les petites lumières de secours
friandises des ténèbres
s’évanouissent
en dépit des
clameurs !
humaines et angéliques
.../...
Ces abominations
sont-elles exploratrices
de nos résistances ?
Le chant profond et désespéré des anges
les renversera-t-il ?
L’harmonie
demande de tels efforts !
Y consentirons-nous un jour ?
En aurons-nous bientôt fini d’explorer l’ombre
pour retrouver
la lumière ?